Le vendredi 9 mai 2014, l'Association belge d'histoire contemporaine (ABHC) organise sa traditionnelle Journée de l'histoire contemporaine. En cette année 2014 marquée par le début des commémorations relatives à la Première Guerre mondiale, l'ABHC a logiquement choisi comme thème "Histoire et Mémoire". Celui-ci permettra aux historiens de confronter les approches, pointes de vue des commémorations de même que les modalités partiques par lesquelles celles-ci prennent vie. De plus, ce sera l'occasion de s'interroger sur la place de l'historien, ainsi que sur son rôle, au coeur du processus mémoriel mis en place par les autorités publiques.
Le CRHiDI sera représenté, lors de cette journée, par cinq membres : Eric Bousmar, Nathalie Tousignant, Amandine Lauro, Bérengère Piret, Florence Maertens, Enika Ngongo et Geneviève Warland.
L’histoire est plus que jamais présente dans notre société. Nancy Wood écrit d’ailleurs dès la première page de son ouvrage de référence Vectors of memory, Legacies of trauma in postwar Europe consacré à la mémoire et la commémoration en Europe après 1945 : To be against the retrieval of neglected memories or their commemoration is to be out of step with the general public’s reverence towards, and willingness to engage in, a wide range of memorial activity. En effet, la société européenne connaît un puissant « besoin de commémoration », une mobilisation de la mémoire qui a des dimensions politiques, sociales, culturelles et morales. Cette commémoration consiste toujours à « garder les souvenirs vivants », ce qui peut s’exprimer de diverses manières: la création active de lieux de mémoire, de monuments et de mémoriaux; l’organisation de pratiques et de rituels commémoratifs; mais aussi la prise d’initiatives politiques, touristiques et culturelles. Ces dernières années, de nouveaux secteurs et champs de recherche se sont développés en Belgique autour de cet axe, comme le secteur du patrimoine, de l’éducation mémorielle, mais aussi de « l’histoire publique ».
Toutefois, le développement de ces champs de recherche confère-t-il à l’historien (contemporanéiste) belge un rôle social plus important? Depuis plusieurs années, cette question est discutée aussi bien dans les revues historiennes que dans les médias de masse. En effet, si la société de plus en plus orientée vers la commémoration permanente, la position sociétale de l’historien en est-elle influencée? Ne devrions-nous pas nous applaudir les initiatives de commémoration qui (re)tissent le lien unissant les citoyens au passé? Ne devrions-nous pas nous réjouir de la conscience historique engendrée par ces pratiques mémorielles? N’est-il pas temps de repenser l’essence de ce métier que nous exerçons dans un monde qui se transforme rapidement? Ces initiatives ne peuvent-elles pas nous conduire à une plus grande diffusion et à de nouvelles impulsions pour la recherche historique? Cette pression à la commémoration ne constitue-t-elle pas une chance pour les historiens? Ces questions se poseront de façon aiguë en 2014. En effet, le vaste programme de commémoration de la Première Guerre mondiale (2014-2018) ne manquera pas de changer la donne. Pour cette raison, la prochaine édition de la Journée d’Histoire Contemporaine sera consacrée à la question des pratiques de mémorielles du passé comme du présent et donnera lieu à un débat critique sur les mutations accélérées du rôle de l’historien contemporanéiste.
Le besoin sociétal de commémoration n’est pas un phénomène neuf. La publication des Lieux de Mémoire de Pierre Nora prouve que l’attention accordée aux anciennes pratiques et lieux de mémoire est fortement ancrée dans la recherche historique. En effet, au cœur de l’étude de la culture l’historique (les processions historiques notamment), de l’histoire des universités et des sciences (la commémoration de grands scientifiques par exemple) et de l’histoire sociale (dont l’étude de la mémoire collective), les historiens ont étudié les nombreuses formes différentes prises par la commémoration. La Journée d’Histoire Contemporaine offrira une tribune pour les différentes recherches historiques menées autour de la mémoire et la commémoration. Par qui, comment et pourquoi le passé est-t-il commémoré? L’historicisation de la pratique mémorielle peut-elle constituer un apport au débat contemporain sur le lien entre histoire et mémoire?
Vendredi 9 mai 2014
Universiteit Antwerpen
Prinsstraat 13
2000 Anvers
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