Organisé en partenariat avec le CRHiDI, du 12 au 14 mars 2020, à Arlon.
Dieu n’habite pas dans les temples faits de la main de l’homme assure la Bible (Act. 17, 24). Pourtant le christianisme a produit bien des hauts lieux. Depuis « l’invention » des lieux de la Passion par sainte Hélène (vers 340) aux modestes chapelles de pèlerinage. Ils deviennent si fréquents que le code théodosien lui consacre son article 16. Le sacré donne au « lieu sa plénitude ».
Le réflexe n’est pas chrétien, il est universel. Dans les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), Emile Durkheim explique que l’espace est une dimension fondamentale du fait religieux. Les sites sacrés sont des « choses que les interdits protègent et isolent ». En 1987, Alphonse Dupront, dans Du sacré, estime que c’est une des deux catégories existentielles fondamentales pour aborder le fait religieux.
Tout lieu peut devenir sacré. Maurice Halbwachs, avec La topographie légendaire des Evangiles (1971), remarque que les lieux saints n’ont de valeur qu’avec « les yeux de la foi […] au-delà des apparences sensibles, on croit saisir un autre monde, qui n’est plus tout à fait dans l’espace et qui est le seul véritable. » Il convient d’analyser la « géopiété » chère à Yi-Fun Tuan promoteur d’une géographie humaniste.
Mais qu’est-ce qui fonde le sacré ? Alphonse Dupront distingue trois origines :
- Les lieux historiques marqués par la venue d’un saint, le souvenir d’un événement historique, la présence d’une maison religieuse…
- Les lieux du règne sur lesquels s’attachent une espérance eschatologique car il y a eu un miracle ou tout autre fait merveilleux
- Les lieux cosmiques nés d’une élection cultuelle mystérieuse, comme le sont sources, grottes ou rochers.
L’espace dans lequel, nous plaçons la problématique est celui entre Rhin, Moselle et Meuse ; un espace entre Bâle et Maastricht/Namur. Un espace marqué par des hauts lieux, que ce soit Saint-Hubert dans les Ardennes, ou le Mont-Saint-Odile qui domine le Rhin. C’est aussi l’espace des petits sanctuaires, potales belges ou pierres levées. Du menhir de Reckigen ou du Beisenerbierg, à la source miraculeuse Helperbu ou le tilleul du Plaid. La nature peut faire naître le sacré. Mais ce sont les traces de saint Willibrord à Echternach ou de saint Hubert dans les Ardennes. Entre Rhin et Meuse, le sacré est dans les eaux, au cœur des forêts, sur les sommets, près des reliques. Il se fixe sur des pierres dressées, les colonnes des temples antiques ou sous les voûtes des églises.
Ce colloque va donc interroger le temps long pour comprendre ce qui fonde le sacré. Nous ne souhaitons pas présenter tous les lieux marqués par la religion mais les « hauts lieux », ceux où « souffle l’esprit » selon la formule de Maurice Barrès ; c’est-à-dire les pèlerinages qu’ils soient reconnus par l’Eglise ou qu’ils ne soient reconnus que par la foi des fidèles. Bien évidemment, notre intention n’est pas de présenter l’histoire des sites, mais d’en scruter les origines, qu’elles soient attestées par l’histoire ou rêvées par les légendes.
Philippe DESMETTE (USL-B et CRHiDI), Philippe MARTIN (Université Lyon 2) et Jean-Claude MULLER (Institut archéologique du Luxembourg).
Pour plus d'informations, contacter :
Philippe Desmette : philippe.desmette@usaintlouis.be
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