Mis sur pied en 2014, les Midis du CRHiDI sont l'occasion de donner la parole aux chercheur·e·s du centre (ou d'institutions extérieures) afin de présenter une recherche en cours. Ils doivent permettre de montrer l'actualité des recherches en histoire du droit, des institutions et de la société telles qu'elles sont menées actuellement.
Intervenant : Michael Depreter (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles)
Alors que les ducs Valois de Bourgogne et leurs premiers successeurs Habsbourg cherchaient à avancer leurs ambitions politiques dans le cadre d’une construction territoriale dynastique englobant progressivement l’ensemble des anciens Pays-Bas, ils investirent des sommes considérables dans leur appareil militaire tout au long du XVe siècle. Pour contrôler le bon emploi de ces finances, souvent levées par le biais d’une taxation plus ou moins consentie par la population, divers mécanismes furent instaurés, au sommet desquels se trouvaient les Chambres des Comptes (supra-)provinciales, responsables du contrôle des comptes finalisés soumis par les officiers financiers du prince. Cependant, par leur nature même, engagées sur le terrain d’opérations pour payer des effectifs variables et des armements nécessitant des connaissances spécifiques, les dépenses militaires étaient difficiles à gérer et à surveiller de près. Dès lors, une approche pragmatique était souvent privilégiée, les officiers financiers – faisant aussi régulièrement office de créanciers ! – de la dynastie bénéficiant de certaines largesses en matière de gestion, pour autant que l’appareil militaire fonctionnait efficacement.
Dans cette communication, Michael Depreter se concentrera sur l’artillerie princière comme un espace où le contrôle des officiers financiers, souhaité à la fois par le duc et par les assemblées représentatives votant les ressources fiscales investies dans l’armée princière, laisse transparaître des visées politiques différentes au-delà d’un objectif de contrôle partagé. Grâce à une série d’affaires judiciaires successives menées au cours des années 1470 et 1480 à l’encontre de Claude de Menostey, receveur de l’artillerie et donc officier financier responsable de l’arme, une documentation largement inédite permet d’aborder, en filigrane, l’établissement de ces priorités divergentes.
Tant les procédures suivies, les éléments mis à charge, les instances judiciaires compétentes que les suites données à trois procès successifs reflètent des conceptions plus profondes relatives à la nature même du pouvoir princier et de la gestion financière de l’argent issu de la fiscalité. Y entraient en conflit, d’une part, un pragmatisme nécessaire à soutenir les ambitions militaires ducales, et, d’autre part, de nouvelles normes portées par les assemblées représentatives désirant gérer au plus près les ressources fiscales levées dans le cadre d’une reconfiguration politique des structures étatiques bourguignonnes après la mort du duc Charles à Nancy en janvier 1477. Ces nouvelles normes, toutefois, se trouvèrent rapidement confrontées, une fois encore, aux réalités chaotiques de la guerre.
Lundi 14/04/2024 - 12h-14h
UCLouvain Saint-Louis - Bruxelles
Bvd du Jardin Botanique, 43
1000 Bruxelles
Local P61 (vers le plan d'accès de l'Université)
Lunch - Accueil et présentation de l'intervenant - Exposé - Discussion.
La participation à ce Midi du CRHiDI est gratuite, mais sur inscription via ce formulaire avant le 10 avril 2025.