Ce colloque est organisé par le LabEX COMOD (Université Lyon 2) et le Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société, CRHiDI (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles).
Les reliques connurent, on le sait, une large popularité durant les trois derniers siècles de l’Ancien Régime. On pense bien entendu aux restes des bienheureux portés d’ancienneté sur les autels, dès le haut moyen âge souvent, ou à des objets liés au Christ ou à la Vierge. Mais aussi aux ossements extraits massivement des catacombes à partir du XVIe siècle. Sans oublier ceux de saints modernes. Ces corps ou parties de corps purent parfois connaître des moments agités. Les affrontements confessionnels menacèrent, voire amenèrent la destruction de restes sacrés. On pense aux guerres de religions, mais également aux conflits qui opposèrent Etats protestants et catholiques aux XVIIe et XVIIIe siècles. La période révolutionnaire mit également à mal nombre de reliques. En cause tantôt un mépris envers des objets considérés comme superstitieux, tantôt l’appât du gain suscité par les orfèvreries précieuses qui les contenaient souvent.
Mais au sein même du monde catholique, des tensions se firent jour également. Des rivalités purent survenir quant à la possession de corps saints. On vit ainsi des communautés de fidèles (paroisses, confréries) revendiquer chacune des droits à leur égard. Dans d’autres cas, des institutions ecclésiastiques ou bien des membres du clergé et des fidèles s’opposèrent à ce sujet. Sans aller jusqu’à la question de la propriété, le simple déplacement de reliques dans un autre édifice, voire même à l’intérieur de l’un d’eux, cristallisa certaines oppositions.
Ajoutons encore que des positions parfois diamétralement opposées entre autorités ecclésiastiques et fidèles ou clergé local quant à l’authenticité et par conséquent la licéité de l’exposition de certaines reliques purent susciter des difficultés. En particulier à la suite des canons tridentins et des dispositions conciliaires et synodales soucieuses de les mettre en application. Sans oublier les constats et critiques émis à l’occasion de visites pastorales.
Se pose aussi en conséquence, la question des réactions face à ces tensions d’autant plus marquées qu’elles touchent au sacré. Des procès, parfois interminables et coûteux, opposèrent les parties. Dans des contextes de conflits, des reliques purent être "enlevées" et dissimulées en attendant des temps meilleurs, en les enfouissant ou en les abritant derrière les murailles d’une ville voisine. Les déplacements sont ainsi engendrés par les transformations du rapport au sacré, la volonté d'éviter les contacts jugés superstitieux ou de préserver ce qui était devenu des éléments patrimoniaux. Avec parfois à terme des conséquences irrémédiables, que ce soit pour les reliques elles-mêmes ou leurs réceptacles. Au-delà, se pose également la question du solutionnement de ces crises et de la manière qui le vit mettre en œuvre (reconnaissance, procession, exhumation,…).
Ce colloque privilégie l’époque moderne et le tout début du XIXe siècle. La réforme catholique, les affrontements confessionnels, la montée du rationalisme et le renouveau catholique post-concordataire constituent des contextes variés susceptibles de multiplier les éclairages.
Accueil et introduction
9h15: Philippe Desmette - Les reliques de saint Etton : un enjeu au diocèse de Cambrai (XVIe – XIXe siècle)
9h40: François De Vriendt - Mons, chef-lieu du Hainaut, refuge des reliques lors des guerres du XVIIe siècle
10h05: Luc Duerloo - L’Infante Isabelle Claire Eugénie et la protection des reliques : une relation donnant/donnant
10h30: Pause-café
10h45: Nicolas Guyard - Le corps disputé : saint Firmin d'Amiens (XVIIe-XVIIIe siècles)
11h10: Eric Suire - Dérobées, déplacées, perdues… Les reliques introuvables du confesseur de Port-Royal, Nicolas Le Tourneux
11h35: Discussion
12h00: Repas
13h00: Gaël Rideau - Relique partagée, relique contestée. La relique dans la prière pour le temps au 18e siècle en France
13h25: Nicolas Balzamo - La Sainte Larme de Vendôme : controverse entre J.-B. Thiers et Jean Mabillon
13h50: Pause-café
14h05: Philipp Stenzig - Jean-Baptiste Thiers et les reliques
14h30: Camille Holvoet - Les reliques de l’hôpital Notre-Dame à la rose pendant l’occupation française
14h55: Conclusions par Philippe Martin
16/05/2025
UCLouvain Saint-Louis Bruxelles
Boulevard du Jardin Botanique, 43
1000 Bruxelles
Local P02 - Préfécture, RDC (vers le plan d'accès)
Pour plus d'informations, veuillez contacter Philippe Martin et Philippe Desmette.
La participation à ce colloque est gratuite, mais sur inscription via ce formulaire avant le 13/05/2025.