Le centre d'histoire religieuse

Historique

 

Fondé en 1995, le Centre d'Histoire Religieuse (CHIREL) à l'Université Saint-Louis - Bruxelles est désormais intégré au CRHiDI sous la forme d’un groupe spécifique. Il vise, en lien avec celui-ci, à créer un environnement de recherches favorable aux études touchant l’influence de la religion sur le droit et sur la société et réciproquement, à faire connaître les publications de ses membres et à organiser des journées d’études, colloques, conférences, etc.

 

Son activité se déploie suivant deux axes, l'un empirique et l'autre de nature plus conceptuelle :

 

  1. L’'étude des rapports entre christianisme et société en Europe occidentale de l’'Antiquité à nos jours en privilégiant une perspective sociale et l'’étude de la longue durée. Une attention particulière, sans être exclusive, sera portée aux anciens Pays-Bas et à la Belgique.
  2. L’'étude de la condition de possibilité d’interroger les rapports entre religion et société, qui attire l’'attention sur le sens que l’'on prête au mot « religion », et amène à reconsidérer la spécificité du christianisme dans l’'histoire du fait religieux et sa place dans le paysage des sciences humaines.

Membres du CHIREL

 

Axes de recherches

Axe I - Christianisme et société en Europe occidentale

 

Quatre champs principaux peuvent être définis :

 

  1. Les cadres et les autorités religieuses et ecclésiastiques : les institutions, leur genèse, leur fonctionnement, leur évolution, les personnes, qui les composent, et leurs rapports avec le pouvoir temporel ou civil.
  2. Les croyances et pratiques constituent le cœur de la religion. On s'interrogera sur la diffusion et la propagation de ces deux composantes, sur les méthodes mises en place. Seront notamment considérés le poids et l'influence de la religion sur les sociétés (et réciproquement), la question des dévotions, spontanées ou formatées, individuelles ou collectives, etc. Au coeur des interactions entre le divin et l’humain, l’étude du rite et du ritualisme ne manquera pas de recevoir un examen approfondi.
  3. Une religion n'est jamais isolée et monolithique. Des tensions internes peuvent surgir et déboucher sur des affrontements doctrinaux, des ruptures confessionnelles, avec les réactions et répressions potentielles qu’elles provoquent. Mais il s'agit aussi de contact avec l'extérieur, avec d'autres religions ou croyances, voire avec l'incroyance, soit dans un esprit d'affrontement, soit dans un esprit de dialogue. La question de la liberté religieuse forme à cet égard un thème fédérateur des problématiques du Centre d'Histoire Religieuse.
  4. Toutes ces questions doivent être envisagées sur des bases solides. Aussi convient-il de porter une attention particulière aux sources d'information. C'est-à-dire, bien entendu, à l'étude de celles-ci, en ce compris leur diffusion et leur édition. Mais davantage, en amont, intervient le défi de leur sauvegarde et de leur préservation dans nos sociétés qui relègue la religion dans la sphère privée.

Recherches menées dans le cadre de l'axe I

  • Les religieux et anciens religieux dans les Pays-Bas autrichiens en 1787 (à paraître)
  • Le clergé séculier dans les Pays-Bas autrichiens en 1787
  • Joseph Comblin (1923-2011) prêtre bruxellois au service de l’Église en Amérique latine
  • Les fêtes du calendrier chrétien et leurs implications du moyen âge à nos jours
  • L’épiscopat dans les Pays-Bas à l’époque moderne
  • Le miracle en tant que puissance agissante dans la vie collective du moyen âge à nos jours

Axe II - "Religion" et société : une non évidence

Sur son axe d’histoire conceptuelle, le Centre d'Histoire Religieuse envisage la question des rapports entre religion et société comme une non évidence, dont la possibilité suppose une conception de la religion où celle-ci se constitue au siège d’une activité irréductible à d’autres formes d’organisation sociale, notamment l’Etat.

 

Ce qui paraît une évidence pour un esprit occidental représente en réalité une singularité dans le contexte de l’anthropologie historique du fait religieux. La révolution à l’œuvre se mesure sur la structure sémantique de nos langues modernes, qui ont hérité du changement de sens du mot latin religio advenu dans le contexte de l’avènement du christianisme comme religion officielle de l’Empire romain dans l’Antiquité tardive. S’il passe aujourd’hui inaperçu sous la continuité du signifiant, ce changement n’en est que plus opératoire d’un processus dont il est impérieux de prendre et de reprendre conscience.

 

Le dégagement chrétien de la « religion » des espaces cultuels, géographiques ou sociaux, auxquels elle n’est plus superposable, n’a pas eu de conséquences que religieuses, en effet, mais ses implications sur l’organisation de la société et sur la conception même de l’ordre juridique furent décisives dans la perspective de nos droits sécularisés fondés sur les droits de l’homme : en résultèrent notamment la séparation de l’imperium et du sacerdotium, la subversion du ius personarum par la reconnaissance de la personne au siège d’une liberté antérieure à l’institution de la cité, l’exigence de conformité à la raison et à la vérité pour l’identification de la norme coutumière, etc.

 

En opposant la liberté des anciens à celle des modernes, Benjamin Constant soulignait que la tension constitutive de la modernité n’est de nature philosophique et politique que par voie de conséquence à une opposition plus ancienne, et plus fondamentale, de nature religieuse : celle-là même qui produisit le dégagement de la religion de l’Etat et des identités communautaires avec lesquelles elle fusionne par définition dans un contexte archaïque, suscitant en particulier la liberté de choisir sa religion, au lieu de se la voir imposer sur la base de situations sociales, — liberté moderne par excellence, — ainsi que toutes les jouissances privées dont le célèbre libéral voit parfaitement que la condition de possibilité ultime réside dans une évolution de nature religieuse.

 

L’axe de la comparaison avec l’antique, avec le grec entendu au sens de la religion civique des anciens, donc de l’archaïque, et non au sens de la raison philosophique, comme sortie de l’archaïque, sur lequel s’entendent inversement les modernes, constitue un pivot de l’histoire du droit et des institutions sur lequel notre attention s’est émoussée. A l’heure où les sciences humaines, imbues de méthodes importées des sciences exactes, sont en veine de trouver leur paradigme, et où le redéploiement des idéologies totalitaires et génocidaires se fait sous nos yeux au nom de Dieu et de la religion, le Centre propose de reprendre à nouveaux frais les problématiques que les convergences et les ruptures entre droit, raison et religion comportent sur fond de la ligne d’horizon que trace l’avènement du christianisme dans l’Antiquité tardive.

Recherches menées dans le cadre de l'axe II

  • La reconnaissance réciproque du judaïsme rabbinique et de l’Eglise comme partenaires sans équivoque affirmée au lendemain du Jubilé de la Déclaration Nostra Aetate en décembre 2015 : un modèle de dialogue en controverse, à partir de positions incompatibles mais reconnues et acceptées comme telles au service d’une vision plus large de l’identité et de la fraternité, à suivre à l’échelle des rapports entre les sciences humaines positives et les textes de l’Eglise post-conciliaire sur le développement intégral de l’homme.
  • L’influence du droit romain sur le christianisme, et vice versa, à envisager sous l’angle non de l’évolution des institutions et des pratiques sociales mais des normes et des cadres de pensée à partir desquels opère la mise en forme abstraite de la société (sur la question de la division des sexes, de la liberté de religion, de la sacralité du pouvoir, de la personnalité juridique, en droit pénal, etc.).
  • La diversité religieuse dans l’espace public : approches méthodologiques pour une comparaison entre la situation des premiers chrétiens dans l’Empire romain avec celle des minorités religieuses de nos jours.
  • L’oeuvre de René Girard dans l’histoire du droit : la violence, le sacrifice et la défense des victimes dans la perspective des institutions de la cité.

Centre de recherches en histoire du droit, des institutions et de la société

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